Lettre à la femme aimée au sujet de la mort / Jean-Pierre Siméon

Suggestion : poésie

Tant de beauté avec des mots usés! Tant de mots usés pour dire l’indicible. Ce recueil de poèmes n’est pas le livre de la consolation. Jean-Pierre Siméon nous prend simplement par la main, mais il n’y a pas de chemin, il allume notre lanterne, mais il n’y a pas de lumière dans la nuit. Avec toute la ferveur qu’il détient, la foi qu’il a dans le partage, l’auteur nous interpelle, nous dit sa présence dans la douleur ou l’abandon. Ces vers sont incisifs… pas de rimes…mais une pensée qui se déroule, se poursuit en circonvolutions imagées pour s’achever par une chute incroyablement directe, parfois cinglante, tel un uppercut sur le ring… conclusion qui se suffit à elle-même et que le lecteur ne pourra oublier. Ainsi:

Nous ne sommes que de ce monde mon amour
et face à la mort qu’on lit sans comprendre
entends la part heureuse qui parle dans ta nuit

L’auteur nous exhorte à accepter la peine, car il n’y a pas de consolation possible, pas de clémence… il n’y a que la patience. Cette dernière partie du recueil, qui donne son titre à l’ouvrage, est précédée de “Le bois des hêtres” (Buchenwald) qui nous parle de la Shoah, avec pudeur et respect et de “Fresque peinte sur un mur obscur” qui s’adresse à la jeunesse, à l’avenir.

Jean-Pierre Siméon cisèle son message et donne ainsi par la répétition (nombreuses anaphores) un rythme à ses poèmes. Jamais très longs, (souvent une ou deux pages), ces vers libres sont une véritable thérapie, un encouragement forcené, un réconfort partout exprimé avec bienveillance et tendresse. L’auteur emploie régulièrement la première personne du pluriel pour s’exprimer, étendant ainsi la portée de ses propos. L’humanité dans ce qu’elle offre de plus beau… Malgré l’universalité de leurs discours, ces poèmes requièrent concentration, parfois relecture et surtout abandon de soi.

(Colette)

 

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