Ma vie de cafard / Joyce Carol Oates

Suggestion : roman

Cafard : synonyme de délateur, dénonciateur.

Violet à douze ans. Elle est la cadette d’une famille nombreuse vivant dans l’État de New York, le long du fleuve Niagara. Mère au foyer, grands frères turbulents, père despotique, alcoolisme… L’histoire se passe dans les années septante, dans une société américaine dominée par les hommes. Les filles, si elles vont à l’école, sont sensées obéir aux aînés et aider leur mère. Elles n’ont pas voix au chapitre.

Une nuit, Violet surprend une conversation entre ses deux frères aînés, Jerr et Lionel, qui rentrent d’une sortie en ville. Ils sont bien éméchés et, avec leur voiture, ils ont percuté un jeune cycliste noir ; ils l’ont achevé à coups de batte de base-ball et ont enterré celle-ci dans un terrain vague car elle est tachée du sang de leur victime. Ils comprennent trop tard qu’ils ont été vus et entendus par Violet. Alors Lionel bouscule sa sœur dans l’escalier verglacé menant à la maison. Tombée lourdement sur la tête, Violet est emmenée à l’hôpital avec fracture du genou et traumatisme cérébral. Là-bas, en plein délire, elle dénonce ses frères qui seront accusés de meurtre et condamnés à plusieurs années de prison. A sa sortie de l’hôpital, Violet est rejetée par les siens et exilée chez sa tante à une centaine de kilomètres de chez elle. Violet n’aura de cesse d’essayer de renouer avec sa famille, mais pour eux sa trahison reste inexcusable. Elle devra donc se construire seule, dans un milieu agressif et hostile, tout en gardant au plus profond d’elle-même le désir secret d’être pardonnée. Elle redoute aussi la vengeance de ses frères lorsqu’ils sortiront de prison, leur peine accomplie.

Joyce Carol Oates dépeint avec beaucoup de finesse la nature profonde des liens familiaux régis par la loyauté, la solidarité, l’honneur… et le sexisme, mais aussi les mécanismes de pensée qui construisent les préjugés raciaux, rejetant toujours la faute sur l’autre, afin de se déculpabiliser. Et cela au cœur d’une société raciste qui n’a cure d’inverser les rôles… les meurtriers devenant les persécutés…

(Colette)

 

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