Le livre de la rentrée / Luc Chomarat

Suggestion : roman français

Où se termine la fiction, où commence la réalité ? Tel est l’enjeu de ce roman…

Delafeuille, éditeur parisien, est mis sous pression par sa “boss” afin de dénicher LE roman de la rentrée littéraire, qui sera sans aucun doute l’ouvrage que tout le monde s’arrachera, bref un vrai succès littéraire… couronné d’un prix, on l’espère. Invité chez Luc, son ami, qui est aussi écrivain, Delafeuille se rend dans le Sud-Ouest de la France (à Farsac) se reposer quelques jours. Il fait la connaissance de Delphine, la compagne de Luc, mère de leur fils Tommy. Delphine est une femme splendide, la quarantaine, entièrement dévouée à son mari, à son fils et à leur maison, à leurs animaux de compagnie. Elle semble parfaitement heureuse dans ce rôle. Luc rédige en ce moment un portrait “quelque peu” misogyne de Delphine et espère que cet ouvrage sera LE livre de la rentrée. Delafeuille émet de sérieuses critiques quant à la manière dont Luc présente son épouse et pense que ce livre ne rencontrera aucun succès… qu’il n’est vraiment pas dans l’air du temps, pas assez connecté aux revendications féminines de ce début de siècle (mouvement Me Too, etc.)

Ce roman dans le roman déstabilise rapidement le lecteur, la lectrice. C’est sûrement très jouissif pour l’auteur (qui s’appelle Luc aussi), un peu plus troublant pour le lectorat qui découvre rapidement qu’il est l’objet de la farce. Le personnage de Delafeuille nous fait pénétrer avec humour et sarcasmes dans le monde des maisons d’édition, des foires du livre, dans le monde des écrivains, dans notre monde du XXIe siècle, après la crise du Covid. Tout est fait pour fourvoyer le lecteur, la lectrice… fiction… autobiographie ? Qui sont les personnages existant vraiment ou fictionnels ? Cette technique artistique utilisée par l’auteur s’appelle la mise en abyme, elle présente une œuvre dans une œuvre similaire. Elle est assez fréquemment utilisée en littérature, au cinéma ou en peinture. Ainsi dans le film La Rose pourpre du Caire de Woody Allen, lorsque la spectatrice au cinéma (Mia Farrow) traverse l’écran pour participer à l’action directement avec les comédiens, dans Les Époux Arnolfi de Van Eyck ou un miroir reflète le dos des personnages ainsi que le peintre en plein travail, …Hergé, vu de dos face à un miroir, peignant son autoportrait.

C’est amusant et complètement décalé !

NB : l’éditeur Delafeuille est un personnage récurrent de Luc Chomarat (cf. Le Polar de l’été et Le Dernier Thriller norvégien).

(Colette)

Actions sur le document