Souviens-toi de ne pas mourir sans avoir aimé / Marc Alexandre Oho Bambe

Le sous-titre de cet ouvrage est “roman”. Mais c’est bien plus que cela… un témoignage ? Peut-être bien… De la poésie ? À coup sûr… De la musique…oui, c’est le jazz. Le tout savamment dosé et mélangé avec bonheur dans ces 250 pages.

Le narrateur, Jaromil, est un homme métissé, père noir, mère blanche, un “nègre à moitié” comme dit sa mère… Son métier, trompettiste de jazz dans un groupe nommé KGB (Kilimandjaro Groove Band). Il a une épouse, Maisha, qui l’a quitté, et une fillette adorée, née de cette union et prénommée Indira. Abandonné à la naissance, Jaromil n’a jamais connu son père et ne sait rien de lui. Mais un jour, dans sa boîte aux lettres, lui parvient un colis de ce père mystérieux qui vient de décéder. Ce colis renferme des lettres qui lui sont adressées par son défunt père, mais aussi des cassettes audio, une photo et un disque. Jaromil entreprend alors de raconter tous les moments forts de sa propre vie, sa jeunesse, sa formation musicale aux Etats-Unis dans les clubs de jazz de Harlem, avec le groupe KGB, le succès, le racisme et la ségrégation raciale, la plongée dans le monde de la drogue. Jaromil transcrit aussi les confidences de son père, écrit des poèmes adressés à sa fille Indira… qui représente la génération à venir… pour l’aider à grandir, dit-il.

Paternité, absence, transmission parents-enfants, solitude et amour sont les thèmes abordés dans ce récit. On y trouve également un splendide hommage à George Floyd, assassiné par des policiers américains il y a peu de temps et qui donna naissance au mouvement “Black Lives Matter”. Un amour immodéré du jazz et de ses musiciens jaillit à chaque page.

Oho Bambe est aussi slameur, connu sous le nom de Capitaine Alexandre. Il a reçu un prix de l’Académie française en 2015 pour un recueil intitulé Le chant des possibles. C’est un auteur camerounais qui vit en France.

(Colette)